Le voyage en Amérique (suite)
NOËL, etc …
Ce n’est pas un scoop, moi
j’aime Noël.
J’en aime les prémices,
l’excitation qui va avec, les odeurs de vrai sapin, les décorations dedans et
dehors, j’aime les grandes ripailles qui se préparent au creux des cuisines,
les étales rutilants des marchés, j’aime les cadeaux, ceux que je fais et ceux
que je reçois. Bon, ça me plait tout ça. J’en aime le « trop » et j’en
aime le recommencement. Je ne suis jamais lasse de cette magie.
Faut dire que je me suis
payée quelques fois des Noëls en dehors des clous qui ont su renouveler le
genre.
Enfin cette année c’était
le Noël américain.
Juliette et moi avions
tout prévu pour ne pas déroger à la tradition : déco, petits repas fins
et…cadeaux.
C’est peut-être à ce
stade-là qu’une certaine improvisation nous a fait vivre des moments
singuliers.
Déjà, l’avant-veille, nous
nous étions offert la connexion maison à Internet ; fini l’aléatoire d’un
Wifi de voisinage totalement instable et qui nous laissait sans nouvelles du
monde (et surtout d’Hélène partie au Portugal avec Nelson et Héloïse). Notre
seule manière d’être reliées résiderait dorénavant en un modem acquis à prix
d’or parce Juliette n’est pas encore banckable aux yeux des Amerlocks. Faut
qu’elle fasse ses preuves. Joli cadeau donc mais qui ne prendrait effet que
plusieurs jours plus tard. Mieux que rien.
Le 24, nous allions quérir le deuxième cadeau : une petite amélioration dans l’installation de l’appartement de Juliette, surtout des chaises qui faisaient défaut. Le plus simple donc lui paru de nous propulser avec la Dodge de location (que je conduisais sans savoir faire marcher la boîte automatique : mais qu’elle est bête !) vers New Haven, siège du distributeur Ikéa.
Evidemment l’habitacle de la voiture fut chargé à bloc par
tout un tas d’autres choses (pas chères, Missieu) jolies, pas forcément
inutiles mais en dehors de la liste, tel ce joli fauteuil en rotin que j’aurais
bien vu finir en bûchettes tellement il était aléatoire qu’il tint dans la
voiture (mais si maman, tu vois bien, ça rentre …).
Et là, au sortir du parking, que vois-je ? La mer !
- Mais tu m’avais pas
dit Juliette qu’il y avait la mer !?
- Bon, maman, tu vois
bien ce n’est pas le moment de t’extasier, on est en plein carrefour et tu dois
prendre la première bretelle à droite
- Ah ben oui mais tout
de même c’est beau la mer, on ne peut pas s’arrêter ? Prends des photos,
vite..
Et nous reprîmes
l’autoroute, moi en essayant de caser ma nostalgie des grands espaces
atlantiques entre un coussin et un lampadaire où il restait juste une petite
place pour ça.
Enfin, dire que, le soir,
entre les déchargements, les autres courses, et le montage des meubles (il nous
fallut quand même boulonner 16 pieds de chaises et autre table…) quand arriva
l’heure du Minuit Chrétien, je demandais timidement à être exemptée de
réveillon, on simplifia les réjouissances gastronomiques mais sans déroger à la
pompe toutefois… On est d’affreuses conservatrices sous nos airs
émancipés !
Le cadeau du lendemain.
Comme son titre l’indique, il délivre, il étonne, il rend léger, il émerveille.
C’est encore du Noël.
Petite virée dans
l’après-midi du 25, de nouveau vers la côte. Juliette avait du entendre pleurer
mon âme océane dans la nuit. Elle me dit, viens, emmène-moi à Old Saybrook. Et
nous voilà traversant des monts et des vaux sylvestres et poudroyants de blancheur
pour arriver au bord d’un paysage plus plombé que le plomb. La mer et le ciel
se répondaient dans cette couleur dense, solide, mate, profonde, d’une beauté
surprenante ourlée de tout ce blanc épais et où tintinnabulaient des plaques de
glace épaisse et laiteuse. Les mouettes se réjouissaient de notre arrivée ,
nous dansaient une polka improvisée ; et nous, nous étions surprises et
émues.
Plus loin, toute la baie étant prise dans la glace , le sable et
les roseaux noyés de neige, les arbres en arrière plan, on aurait cru une
grande clairière flottant dans la forêt. Pour le coup, je ne l’avais jamais vu
comme cela mon bel Atlantique !...
Sous les arbres,
disséminés et formant de petits îlots de douceur, de très beaux cottages, voire
de véritables palais de glace, indiquaient discrètement de quelques lumières
aux fenêtres que le feu flambait dans le cheminée à l’heure du lait-de-poule
(egg-nog) plus ou moins assassin. (ref : le film Le mystère von
Bulow)
Quatrième cadeau : il
était tout prêt, on l’avait ourdi l’avant- veille, avant le modem même, il
serait activé dans deux jours : le voyage à New York City.
à suivre…