Hier
soir, je suis allée voir Julie Nioche.
C’est qui
cette fille ?
Je
l’avais déjà vue et elle m’avait déjà fortement impressionnée.
C’est
pour cela que je suis allée la revoir.
C’est ,
oui, le même étonnement, la même surprise.
Imaginez
une jeune personne qui aurait décidé de demander à son corps de n’avoir point
de limites.
Dit comme
ça on pourrait penser à des yogis indiens dans des postures improbables.
Non, ce
n’est pas ça, on en est loin.
Moi, là,
elle m’a fait penser à une gamine qui s’ennuierait un peu et qui commencerait à
faire n’importe quoi avec une jambe, puis deux, avec son bras puis le corps
entier et qui s’amuserait beaucoup à tester les limites.
Et nous,
les spectateurs, on serait comme ses parents, ça nous énerverait un peu, on lui
conseillerait de se calmer, puis on lui dirait qu’elle va se faire mal, si elle
continue, oui c’est ça Julie, arrête, tu vas te tordre la cheville, tu vas
tomber, te casser le bras ou la jambe. Mais elle , elle continue, elle explore
d’autres contorsions, d’autres tremblements, d’autres déséquilibres, des sauts
idiots qui semblent tomber à côté de là où elle le voulait.
Mais non,
on sait bien que non, sale gamine, elle fait bien ce qu’elle veut. Et tout d’un
coup elle se métamorphose en banderillera : pointes des pieds, bras levés,
mains vers le bas, et puis hop, ça change, la voilà funambule sur un fil
invisible, en équilibre précaire . Et puis elle peut bouder aussi, ou
jouer à faire semblant de jouer avec les racines des arbres.
Ah oui,
j’oubliais de vous dire ! On est dans un parc, il y a 5 guitares
électriques qui sont chacune, l’une après l’autre, branchées sur une fréquence
différente. Et, comme autre musique d’accompagnement, celle des trains, des
voitures, des bus.
Pourtant
on a le sentiment d’être totalement isolés, seuls avec Julie Nioche, pour un
moment exceptionnel, dédié, rare.
Il se
dégage de cette aparté une grande énergie, une liberté totale, une forme
d’insouciance maîtrisée.
Je l’aime
beaucoup cette sale gosse de la danse.
Retenez son nom : Julie Nioche.
Suis pas très fière de mes photos, mais j'ai privilégié mon regard en direct.