Mon voyage en Amérique
Voyage, aéroports et péripéties
J’aime les aéroports, leur gigantisme, leur mégalomanie et comment les voyageurs s’accommodent de cela en y opposant le grouillement. J’aime le dédale des pistes qui la nuit s’ourle de lumières colorées, infiniment délicates. Et ces grands terrains vagues faits d’herbes et de vent qui les cernent, leur donnant un côté sauvage qui s’oppose à l’extrême urbanisation des cités qu’ils desservent.
J’aime les avions au
carénage rutilant; leur repos de grands oiseaux fatigués; j’aime leur décollage
qu’ils amorcent comme des taureaux de corrida , pensifs, à l’arrêt, vibrant de
toute leur carcasse puis fonçant à une allure folle vers la muleta du ciel pour
s’élever comme les libellules.
J’aime être près d’un
hublot pour pouvoir surveiller à tout instant la terre minuscule ou le ciel et
ses nuages, l’aile et son hélice ou son monstrueux réacteur.
Le voyage de l’aller dura
22 heures, et je n’arrivai pas très fraîche auprès de la pimpante Juliette,
joliment encapuchonnée et munie d’un thermos de thé salvateur. L’escale à
Chicago, malgré le jazz en live, m’avait achevée. Pourtant tout avait marché à
ravir : j’avais du dire pour la énième fois avec mon air bonhomme que je
ne venais pas poser de bombe dans ce pays, ce qui était parfaitement vrai, et
que je ne transportais rien d’illégal…là, il valait mieux ne pas vérifier, mais
les fromages de chèvres et le foie gras n’avaient pas encore transpiré d’une
odeur suspecte.
Le retour fut moins rude.
Entre Bradlay et Newark, nous eûmes droit à un petit de Havilland DHC-8-200 qui
ne s’éloigna jamais trop du sol. Ce qui me permit d’apprécier le paysage tout empanaché de neige et semé
de lacs gelés ou de rivières et la descente sublissime sur New-York.
Ensuite, on passa à une
autre forme de propulsion, avec un Boeing 767-400 où l’on nous nourrit et nous
hydrata abondamment jusqu’au matin.
Une France blanche et
frileuse m’attendait jusqu’à Dijon.
Magnifique. J’étais assez
fraîche. Le voyage n’avait duré que 18 heures !.