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Compote aux épices
8 janvier 2011

la bibliothèque

Franchement, je ne pensais pas que j’en viendrais à bout !

Il y a des exercices comme cela auxquels on ne peut pas couper et pourtant on voudrait s’y soustraire tellement on sait qu’ils seront une montagne à gravir. Ranger un immense tas de bois, trier la récolte de lentilles, chercher « le » papier important dans le fouillis accumulé sur son bureau, etc.

Là c’était : ranger la bibliothèque, bouquin par bouquin, sachant qu’ils étaient déjà tous là, sur les étagère, mais dans le désordre.

Je m’y suis collée deux jours, en réfléchissant entre les pauses. Il y a des stratégies plus économiques que d’autres !

Pour tout dire, ce n’est pas que désagréable, heureusement.

J’imagine que chacun a sa manière de ranger ses livres, je veux dire un ordre personnel dans lequel il ou elle se retrouve, les yeux fermés. Moi, je mets les livres de poche à part des autres. Je ne sais pas très bien pourquoi et je n’ai pas toujours fait ainsi.

Mais ce n’est pas très important . Ce qui est divertissant ce sont les surprises qui nous attendent dans ces piles de livres.

Il y a ceux que l’on retrouve avec la joie frétillante du chien qui tombe sur un vieil os oublié au fond du jardin .

 Il y a ceux qui continuent à nous laisser perplexe : pourquoi les a-t-on achetés ? 

Il y a les auteurs dont on se demande pourquoi on a mis une telle constance à ne pas pouvoir les aborder : c’est Virginia Woolf pour moi. J’accumule ses textes, ils me restent indéchiffrables, hermétiques !

Il y a les vieux de la vieille, tellement abîmés, empoussiérés, cornés et passés qu’on se demande pourquoi on les garde encore, d’autres se chargeront pour nous de les jeter : tous ceux qui témoignent de la lutte féministe par exemple.

Il y a ceux qu’on n’a pas bien lus et ceux qu’on n’a pas lus du tout. Oh ! Et pourquoi ?

Il y a ceux qu’on a tellement aimé lire et parfois relire mais c’est fini : Agotha Kristof, Michel Tournier, Paul Auster, Marguerite Yourcenar, et l’autre Marguerite, la Duras, mais avec elle ce n’est pas fini. Et Robert Merle, Van Gulik et son juge Tan, La Varende, Pierre Benoît, Colette …

Il y a les absents, les égarés ? les prêtés ? C’est Ma sœur, mon épouse de Peters, magnifique biographie de Lou Andréas-Salomé ; ce sont les lettres de Calamity Jane à sa fille.

Il y a les mal-aimés, ceux qui ont déçu, qui n’ont pas nourri comme on s’y attendait : les livres d’Eliette Abecassis ou certains polars sans charme.

Il y a, ou plutôt il n’y a pas tous ceux qu’on a butinés ailleurs, dans les bibliothèques municipales ou chez les amis. Et à ce propos, il y a les empruntés jamais rendus : le rivage des Syrtes de Julien Gracq.

Il y a les orphelins ou au contraire ceux qui ont fait des petits, ceux en couleur et les austères, les inclassables, les agaçants.

Mais surtout, surtout, à l’inverse de l’impression que j’ai lorsque je rentre dans une librairie, ces livres accumulés chez moi, rangés, connus, choyés, me donnent l’illusion d’avoir un peu lu, oui, ne serait-ce qu’un peu et d’avoir envie de continuer. Ils m’encouragent, ils me consolent de tout ce que je ne connais pas, ils m’enveloppent, je peux à tout moment retourner vers eux, ils sont là, rassurants.

Merci mes livres de m’avoir entrouvert tant de mondes vivants, enviables, inépuisables. Je ne vous le rendrai jamais assez.

 

Et tout ceci s’est déroulé sous l’oeil de vieux crocodile malicieux de Marguerite Yourcenar.

 

                                   DSC08344

 

P.S. je tente de changer l’intitulé de mon blog. Pas de panique si ça cafouille un peu. J’espère que ça se stabilisera très vite.

En tout cas, cela voudrait-il dire que je vais écrire un peu plus ?

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Commentaires
M
Peux-tu nous raconter l'histoire de ces cuirs enluminés, de ces ivoires bourrés d'images, il y en a une de Gilles d'ailleurs. Ce sont des âmes qui se promènent chez les uns chez les autres sans retrouver leur place exacte. En latin comme il se doit..... continue, recule dans le temps à nos arrières grand-mère...
G
quelles merveilleuses réflexions, changez les titres et les auteurs et chacun y retrouve non seulement sa propre bibliothèque mais son propre rapport à la lecture. Et maintenant que vous avez ouvert le suspense, les Soeurs Mystère, il faut aller plus loin avec votre histoire de missels, vous nous avez mis l'eau à la bouche, on veut savoir la suite :)
S
Ton titre, les marguerites, si drôle, si familiarisant quant on sait qu'il s'agit des deux plus grandes écrivaines de langue française du siècle dernier, me fait penser néanmoins à la photo faite au labyrinthe, chez toi...<br /> Non, je n'ai pas parlé de tout, en particulier des missels, car mon blog est sensé aussi s'adresser à des personnes qui ne sont pas de ma famille, pas même de mes amis...<br /> C'est parfois difficile d'ailleurs de rester dans un ton à la fois informatif mais pas trop confidentiel.<br /> Je réserve les échanges plus privés pour les mails.<br /> Mais tes remarques m'amusent et m'inspirent et je te remercie de les faire car elles font vivre aussi le blog.<br /> Merci Mireille, toujours à l'écoute, hein?
M
Joliment analysé , mais tu as oublié la collection de missels, ou bien les as-tu rangé dans la bibliothèque des souvenirs d'autrui. Tu aurais pu nous faire profiter du rangement par une photo. Tu dois nous la réserver pour l'inattendu.
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